Je repris péniblement la route à l'aube en suivant un sentier caillouteux, au milieu de nulle part. Puis un martellement retentit derrière moi, semblables aux roulements de tambours d'un orage. Je me retourna et vit un éclat blanc s'approcher à une vitesse fulgurante. C'était Flair. L'étalon repassa au trot à une dizaine de mètre devant moi puis il s'approcha au pas. Il tendit l'encolure en hennissant silencieusement. Je caressa affectueusement son front, tellement heureuse de le revoir et depuis ce jour, une profonde loyauté et une sincère amitié s'installa entre nous deux.
Je monta sur son dos et je découvris accroché à la selle, la bourse d'or que m'avait dérobé l'ermite. Je la récupéra avec enthousiasme et continua mon chemin sur le dos de Flair. La journée s'annonçait bien.
Nous marchâmes durant de longues heures. Les montagnes devant nous semblaient grandir à vue d'œil. Une forêt commençaient à se détacher de l'horizon. Mais nous pûmes l'atteindre avant la tombée de la nuit. Je n'aimais pas rester à découvert ainsi car la nuit appartenait aux créatures nocturnes qui partaient en chasse. Il nous fallait un abris et le seul qui se trouvait en vue était la forêt. Je serra les jambes pour ordonner à ma monture de passer au galop mais au lieu de cela, elle s'arrêta. Bien qu'il ne grattait pas le sol avec ses sabots, je fut quand même inquiète et me tenait prête à dégainer mon épée. Un vent glacial se leva. Il semblait provenir de nulle part, comme s'il naissait de la terre pour venir tourner autour de nous. Je sentit une présence mais je n'arrivais pas à savoir où elle se trouvait. Je n'avait qu'une seule envie: fuir. Je talonna Flair mais il ne bougea pas. Il semblait attendre que la chose se passe. Je regarda autour de moi, essayant de comprendre se qui se passait puis deux yeux dorées apparurent dans le vide. Puis une lueur sembla comme se prolonger pour donner la forme d'un dragon. Flair secoua la tête en signe d'approbation alors que la vision de ce dragon fantôme brillant comme la lune me terrifiais. Ses yeux dorées me fixèrent intensément puis une voix cristalline s'éleva dans les airs:
« Ô toi qui se dirige si ardemment vers l'ancienne terre des dragons, écoute mon chant qui s'élève vers le firmament.
Enfant des plaines et des étoiles, élue parmi les dieux,
Les dragons t'écouterons et t'épargnerons.
A toi de trouver la clef qui unira notre peuple aux chants des tiens.
Parce que le soleil et la lune se sont toujours fuit, tu es le seul ciel qui les accueils sans bruits ... »
La voix du dragon disparut puis la lumière se tamisa. Le dragon fantôme disparut puis le vent céda. Flair hennissais de bon cœur et il partit au galop en direction de la forêt.